European madonna : premières leçons

Publié le par Zéro Royal

 

(Photo : blog www.dantoncul.com

 

7 décembre 2006. Ségolène Royal a été l’invitée d’honneur du congrès du Parti socialiste européen (PSE) qui s’est tenu à Porto (Portugal). Accueillie comme une star, elle y a été ovationnée.

Dans les couloirs, les commentaires allaient bon train : vous dites qu’elle a une opinion sur l’Europe ? c’est incroyable, n’est-il pas ? (un membre du Labour Party britannique), y a comme une imprécision dans ses idées, on attend des propositions concrètes avant septante années, une fois (un socialiste belge qui attend comme nous), Meeeerde ! mais qu’est-ce qu’elle va encore nous sortir (un socialiste français). Chut… la candidate socialiste française va parler.


Première leçon : cours de ségolénais

« Je veux, si je suis élue, remettre l'Europe en mouvement, lui redonner un souffle. Je veux que l'Europe avance par la preuve et l'action. Il nous faut construire l'Europe des gens, qui réussit à lutter contre le chômage, contre la vie chère, contre toutes les formes de précarité. »

Traduction pour ceux qui ne parlent pas la langue : Si je suis au pouvoir, il va bien falloir que je fasse quelque chose pour l’Europe. Mais quoi ? En tout cas, pas de mesures impopulaires, je tiens à rester en tête des sondages. Mais quoi ?

Correction du devoir :

Parfait. Tous les mots y sont. Seul bémol : peut-être faudrait-il former les traducteurs officiels de l’UE car ils sont un peu perdus pour traduire le ségolènais en anglais, allemand, espagnol…

 

Deuxième leçon : cours d’économie européenne

« Ce n'est plus à M. Trichet de décider de l'avenir de nos économies, c'est aux dirigeants démocratiquement élus. Remettre l'Europe sur les rails, cela suppose que la Banque centrale européenne soit soumise à des décisions politiques, celles de l'Eurogroupe, mais aussi celles du Conseil européen. »

Correction du devoir :

Deux correcteurs, François Hollande et Jacques Delors, ont été sévères sur le contenu de la leçon.

Le premier a souligné qu’une remise en question de l'indépendance de la Banque centrale supposerait de réviser les traités européens alors que nous devons d’abord revenir à l'esprit des traités avant de vouloir les modifier.

Le second a précisé, à l’intention de celle qui semble l’ignorer, que l'euro protège mais il ne dynamise pas, parce que d'un point de vue technique, on demande trop à la monnaie et pas assez à l'économie.

Madame Royal a corrigé sa leçon le lendemain sur France 2 en déclarant qu’elle ne remettait pas en cause l'indépendance de la BCE mais qu’elle voulait simplement compléter son statut. C'est le pas en arrière de la Ségo-danse, un classique. Pour le pas de côté, elle a ajouté à la surprise générale : je ne fais qu'être la porte-parole de la grande inquiétude des entreprises françaises qui exportent. Attention, Ségolène, il ne faut pas s’improviser comme ça porte-parole des entreprises, c’est trop grave. Le baron Ernest-Antoine Seillière a failli faire une attaque dans sa demeure et Laurence Parisot s’est étouffée en avalant une boulette, le Samu a dû intervenir.


Troisième leçon : cours de banalité

« Il nous faut construire aussi l'Europe de la matière grise, de l'intelligence, des qualifications, l'Europe de la recherche, de l'environnement et de l'après-pétrole. »

Correction du devoir :

Très bien. Tout candidat pourrait dire la même chose, mais au moins ça a été dit. Attention tout de même si un jour il faut répondre à des questions, parce que tout cela est déjà bien avancé.

La ségolènaise doit savoir que 43% du budget proposé par la Commission européenne pour 2007 sont consacrés à la compétitivité, à la croissance et à l’emploi (programme innovation et compétitivité, réseaux transeuropéens, éducation et formation tout au long de la vie…). Elle doit savoir aussi que nous en sommes au 7ème PCRD (Programme Cadre de Recherche et Développement) et que celui de 2007-2013 bénéficiera d’un budget de 53 milliards d’euros, l’objectif de l’UE étant d’atteindre, d’ici 2010, 3% du PIB pour les dépenses de recherche en Europe (1,94% en 2003 contre 2,59% aux USA et 3,15% au Japon).

Comment ça, Madame, ça ne vous intéresse pas. Voir qui ? Jack Lang, votre conseiller spécial ? Très bien, je lui en parlerai.

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Publié dans zero.royal

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V
Merci pour ce billet très agréable… et souriant (pour un sujet pas évident) !
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F
Tout à fait d'accord, Nanou. J'aime beaucoup Bayrou et son franc-parler. C'est toujours mieux que la Ségo et ses phrases populistes...
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Z
C’est sûr que pour le populisme, Ségo n’a personne à craindre, à part Sarko,. Pour Bayrou, j’ai dit ce que j’en pensais à Nanou.
N
Changer le système me paraît en effet essentiel. Je pense qu'il n'y a qu'une seule personne qui est capable de le faire aujourd'hui et de façon honnête et démocratique: c'est François Bayrou. Certes, il ne s'exprime pas aussi bien que les autres et n'a pas la cote auprès des media. Mais justement, écoutons ce qu'il a à nous dire et ne le regardons pas!!!
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Z
Je crois que personne n'est capable de changer le système de l’intérieur. Il faut attendre que quelque chose de l’extérieur se produise. Quand ? En tout cas, c’est bien long. Quant à Bayrou, je suis partagé, car d’un côté il est parfaitement intégré dans le système (et il faut voir ce que c’est que ce microcosme politique !) et d’un autre côté il ose dire des vérités qui dérangent. Est-il vraiment sincère ? Il devrait aller encore plus loin, oser davantage affronter le politiquement correct sans langue de bois.
F
Ce qui m'énerve, c'est que les médias font croire que le débat est seulement entre Ségo et Sarko, alors qu'il y a d'autres candidats, tout aussi valables, et ô combien plus sérieux. Mais bon, il faut croire que les gens marchent là-dedans, et c'est bien triste!
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Z
Hélas, c’est triste oui. Quand je vous dis que nous vivons en médiacratie ! Mais je crois que les médias sont à la recherche du troisième homme pour corser l’affaire : Bayrou ? Hulot ? Ah si Hulot se présentait, ce serait l’extase médiatique.
F
Le problème dans le monde en général? Vous voulez mon avis? C'est la bourse. Les actionnaires! Ceux pour qui les entreprises se mettent à genoux et en quatre, tout en licenciant à tour de bras.<br /> Je ne connais pas l'avenir de la France, mais en tout cas, il ne sera pas rose tant que les Français-e-s ne se remettent en question pour certains points. POur les autres points, il serait nécessaire d'avoir quelqu'un de compétence qui dirige, mais je ne vois pas vraiment qui. D'ailleurs, ce serait donner un pouvoir hors norme à une seule personne pour changer le destin de la France.<br /> Peut-être avez-vous raison. Il faudra un effondrement total de tout cela...
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Z
Tout à fait d’accord et je crois que ça ne peut pas durer très longtemps comme ça (enfin j’espère). La nouvelle idéologie s’appelle économie, ou plutôt l’horreur économique… Avec en plus l’alliance politico-médiatique, ça nous fait un beau monde ! C’est pour ça que je combats Ségolène Royal.